Révision scientifique : Diane Mercier, psychologue
Prendre soin de soi, c’est accepter d’aller mal de temps en temps.
– Alain Ferrant
Nos histoires sont aussi uniques que le sont nos enfants. Ainsi, lorsque nous avons appris que notre famille s’agrandirait, certains ont sauté de joie car ils attendaient cet enfant avec impatience; peut-être la nouvelle nous a-t-elle pris par surprise, peut-être encore avons-nous pleuré car le moment était mal choisi pour voir un enfant naitre à ce moment précis de notre vie.
Nous, familles vivant avec un enfant handicapé, sommes à l’image de la société. Nos cellules sont parfois composées de deux parents pendant que certains élèvent leur enfant seul, d’autres proviennent de grandes familles tricotées serrées où les bras disponibles sont nombreux, tandis que certains parents ont à assumer leurs responsabilités seuls.
Quoi qu’il en soit, la composition de notre famille risque d’avoir un impact sur la façon dont nous accueillerons ce nouveau-né qui, nous le saurons tôt ou tard, aura des besoins particuliers qui bousculeront probablement notre vie et son organisation.
Il existe autant de façons de découvrir la nature des difficultés de notre enfant qu’il y a de parents. Ce dévoilement sera souvent différent en fonction du type de diagnostic qui surviendra : pensons à un handicap moteur qu’on verrait à l’échographie ou à une trisomie 21 qui serait annoncée dès la naissance. Les familles touchées par de tels diagnostics ont dû, parfois même dès le jour de la naissance, donner des soins spécialisés à leur nouveau-né. Pour eux, pas de temps pour les relevailles.
Certaines autres familles, pensons à un diagnostic de TSA qui arriverait vers la fin du primaire, par exemple, ont accompagné leur enfant sur une longue période de temps sans avoir de réponses claires pour expliquer certaines de ses particularités.
Il est évident que le moment de l’annonce du diagnostic aura un impact sur la façon dont toute notre famille vivra les différentes étapes de l’enfance et parfois même de l’adolescence de notre enfant, et que les stratégies déployées pour nous adapter à cet enfant seront très différentes les unes des autres.
Également, notre tempérament aura un effet sur la façon dont nous vivrons avec les différentes étapes menant au diagnostic de notre enfant. Ainsi, certaines familles vivront du déni ou encore accueilleront l’annonce comme un grand choc les propulsant dans un équilibre précaire, d’autres opteront pour le mode « à toute vapeur » remuant alors mer et monde pour obtenir un diagnostic ou des services.
Quoi qu’il en soit, nos réalités, ressources et histoires sont uniques mais nous vivons tous une réalité similaire : quelqu’un nous annoncera un jour qu’il croit que notre enfant présente des difficultés qui pourraient être si importantes qu’il recevra un diagnostic précis et, avouons-le, cette annonce bouleversera le cours de notre vie.
L’annonce du diagnostic de notre enfant s’accompagne souvent du pressentiment que notre vie ne sera plus jamais la même.
Sophie Prégent, comédienne québécoise et mère d’un enfant autiste, a comparé l’annonce du diagnostic de son fils à une bombe, dans la vidéo de la Fondation les petits trésors : « C’est bizarre, dit-elle, c’est comme si une bombe venait d’exploser mais qu’il n’y avait aucune craque dans les murs. »